Le "Nautilus" de John Dutton

 

"Fais-toi une arche en bois d'arbre résineux.

Tu feras des compartiments dans l'arche

et tu devras l'enduire de goudron en dedans et en dehors"

La Bible. Genese 6:13

 

"Didier. Hi there. I am just a bit busy with numerous other things these days to keep the nautilus page up. By all means use as many pics of the Nautilus as you wish. The old boat gets out once every year or so, but not enough to keep in good order. Its last sail resulted in a Kursk type incident, and as with the Russian navy, confidence is at a low ebb. Where are you up to with your boat?" (John Dutton) Voir traduction de ce texte plus bas

L'australien John Dutton (pasteur fondamentaliste aujourd'hui directeur laïc d'un établissement d'aide aux jeunes en difficulté) fut le premier à me donner l'idée de suivre les pas d'un créateur de rêve. D'une manière pour moi incompréhensive John abandonna brutalement son site. Après une longue quête sur la Toile je suis parvenu, grâce à "web.archive.org", à retrouver tout d'abord de vieilles pages datées de 1998 et obtenir ensuite l'accord écrit de leur auteur pour les diffuser.

"Je suis très occupé avec de nombreuses autres choses à faire pour me charger aujourd'hui de la mise à jour de mon site sur le Nautilus. Tu peux utiliser autant de photos du sous-marin que tu le souhaites. Le vieux submersible navigue environ une fois chaque année, ce qui n'est pas suffisant pour le maintenir en ordre de marche. Sa dernière croisière s'est terminée par un accident du genre naufrage du Koursk et, comme pour la marine russe, la confiance ici est au plus bas." (John Dutton)

Resuscitons le site défunt en reprenant quelques photos de son merveilleux "Nautilus" et en y mélangeant, sans les désigner, des images de mon Annulatus illustrant la filiation.

Ayant transmis à John quelques photos supplémentaires de mon N.Annulatus je suis très fier des commentaires de John

"What a lovely model. Congratulations. I think the rustic look is breathtaking! John" (John ) Ce qui nous donne une fois traduit. "Quel joli modèle. Félicitations. Je pense que son look rustique est à couper le souffle!"

Le Nautilus de John Dutton, a été refait plusieurs fois, afin de pallier à plusieurs naufrages successifs. Une troisième version, utilisant la technique du WTC (double coque), devait voir le jour.

I) PREMIERE VERSION

 

II) DEUXIEME VERSION

Le kiosque est différent et le grand panneau unique du flotteur a été remplacé par trois plus petits aptes à favoriser leur étanchéité.




Terminons avec un récit, de la plume même de Dutton, "Nautilus Story". J'ai souligné les phrases où je me reconnais.

J'accompagne un membre de ma famille dans un exercice de plongée en piscine. Le bassin olympique, affecté aux nageurs, a réservé un espace pour le maquettiste et les plongeurs. Le Nautilus se prépare. Les plongeurs commencent leur plongée et l'instructeur leur montre comment échanger des messages en écrivant sous l'eau.

L'écoutille est fermée et le sous-marin glisse dans l'eau. Il plonge graduellement en commençant par l'éperon juste sous la surface. Il traverse tout le bassin. Au retour il ralentit et le ballast se remplit. Un petit voyage d'essais commence avec un sous-marin qui avance sans effort sous l'eau et vire à la fin de son tour en planant sous trois pieds de profondeur. Le Nautilus navigue entre les plongeurs. Quelques-uns effleurent la queue et d'autres le laissent filer. Le ballast se remplit et le sous-marin se pose au fond sous 5 pieds d'eau. Puis il s'élève et glisse au fond en un large cercle. Sa vitesse augmente. Le navire fait surface sous un angle étroit et la "bête" souffle un jet d'eau avant de replonger. Le sous-marin se dirige vers les nageurs. Ceux-ci le découvrent au dernier instant comme un requin nageant parmi eux.

Belle journée, le magnifique bateau est relevé et désactivé. J'ai adoré ces instants. Mais comme je le dis souvent : "Ce n'est rien, juste un coup de chance !" Ce sous-marin m'a causé de nombreuses humiliations et des ennuis sans nombre. Voici une autre histoire :  

Quatre hommes se tiennent au bord d'un lac de retenu d'un barrage mais seuls trois navires sont visibles. Le quatrième, mon sous-marin, ne peut être vu que par son petit périscope blanc, si minuscule que je peux simplement suivre sa trace. (Je lutte toujours contre la tentation d'imaginer sa proue s'enfonçant inopinément dans une coque !) Quelques nouveaux venus mettent un navire sur l'eau et soudainement surgit des profondeurs l'éperon d'un sous-marin. Il brise la surface et crache un jet d'eau et le bateau du diable replonge immédiatement. Il revient. Il replonge. La queue de la poupe est la dernière chose qu'on aperçoit. Après cette démonstration les spectateurs sont très impressionnés. "Où est-il maintenant ?" demandent-ils. Le propriétaire du Nautilus a positionné les gouvernes en position de remontée et attend le retour du sous-marin. Rien ne se passe mais personne ne s'en inquiète car personne imagine que quelque chose ne se passe pas selon les plans. Le propriétaire s'inquiète un peu. Il stoppe le moteur, puis le met en marche arrière, pour stopper la marche avant du submersible. Panique, les ballasts sont vidés. Rien. Les bulles fusent à la surface, mais rien d'autre ne se passe. Foutu engin. S'il s'est enfoncé à pleine vitesse où peut-il bien être maintenant ? Quelqu'un demande "où est le sous-marin ?" et alors commence l'humiliation du sous-marinier. "Il est au milieu de l'eau, tout va bien". Tout ne se passe pas bien.

Ce scénario s'est passé de nombreuses fois. Une fin heureuse c'est lorsqu'il jaillit à la surface, la queue la première puis l'éperon englué d'un amas de boue. Une fin malheureuse c'est lorsque vous devez ôter vos vêtements et y aller. C'est la seule fin possible si quelqu'un se promène avec une caméra. J'ai aujourd'hui décidé de ne pas faire plonger mon sous-marin si je vois un caméraman dans les environs.

Je crois que j'aimerai faire une étude sur le sous-marinier. Créer un sous-marin est une joie. Mais c'est également un défit qui requière une maintenance constante, du bricolage, des ajustements et du temps. Ce n'est pas possible autrement. Je crois qu'il y a des similitudes avec le travail de la NASA. Lorsque la navette spatiale s'envole c'est toujours avec une forte tension des techniciens. Pourvu que tout fonctionne. Pourvu que le système de secours fonctionne. C'est ce que je ressens lorsque le Nautilus s'éloigne doucement de la jetée vers le large.

John Dutton